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After rising for decades, the rate of interracial marriages for contemporary (aged 25-34) U.S.-born Asian Americans has declined from 2000 to 2004 according to data tabulated from the U.S. Census Bureau's 2004 American Community Survey and the Census 2000.
Marquée
Amy Ma
SuèdeGALERIECONVERSATION


Emily :

“Bon sang!”

J'arrive sur le quai alors que le 17:40 part. Typique, il s'éloigne lentement, comme pour se moquer de moi. Marmonnant, je sors mon agenda. Présentation aux chefs vendredi, ainsi que trois designs pour la semaine prochaine. Zut, et sortie pour les 22 ans d'Alicia samedi soir. Bête que je n'ai pas attrapé ce fichu train.

Je me dirige vers le Café de Kym près de l'entrée de la gare. Kym est toujours là les mardis, elle flâne.

“Salut, poupée. Comment ça va ? Grosse journée au boulot ?”

“Oui. Et pour couronner le tout, je viens de rater mon train.”

Kym rit facilement. “Ah, ne t'inquiète pas. Pense à tout ce que tu vas pouvoir dessiner en attendant. Bon tu prends un grand cappuccino avec du lait écrémé c'est ça?”

Je marque une pause. Indécise comme toujours. “Euh…en fait, j'ai envie de changer aujourd'hui. Pourquoi pas un caramelatte allégé ? Merci.”

“Je t'apporte ça tout de suite.”

Je regarde les gens s'affairer, certains la tête baissée, pressés de sortir de cette course de rat. D'autres avancent à grands pas, confiants, regardant le monde droit dans les yeux. Je suppose que je fais partie de cette catégorie. J'aime voir ce qu'il y a devant moi.

“Voilà beauté.”

Kym dépose mon caramelatte sur la table devant moi. Avec un clin d'œil, elle va servir ses autres clients. C'est bizarre, même si elle appelle tout le monde "beauté", elle me donne l'impression que je suis la seule. Je souris à mon latte. Et je me brûle la langue.

18:05 - Je réalise soudain que ma montre est toujours en mode 24h, je me sens frustrée d'un coup. J'avais cru m'être débarrassée de tout souvenir, mais la voix d'Angus résonne de nouveau dans ma tête : "je vais la changer pour toi. Comme ça tu pourras dire s'il est six heures du matin ou six heures du soir". Ses mains étaient si gentilles, son sourire... tout ce qui se rapportait à lui était si gentil. Et je me rappelle, que c'est pour ça que j'ai rompu avec lui.

20 minutes passent et je me réprimande de ne pas les avoir mises à profit. Alors la partie la plus créative de ma personne se souvient que j'étais en train d'observer les gens. Une chose que je ne fais plus souvent. Je sors mon carnet et je commence à dessiner. Souriante dessiner me donne une sensation de confort. Je m'arrête, regarde ce que j'ai dessiné et je me rends compte qu'ils sont tous occidentaux. Les visages sont anglicisés, le teint pâle, caucasien. Pourquoi ? Je me pose la question, mais j'en connais la raison. Je ne déteste pas le fait d'être asiatique. Parfois même, j'aime ça. Mais la plupart du temps quand même, j'ai envie d'être pareille. Je veux être occidentale, australienne, peu importe. Angus m'a dit que les Australiennes blondes aux yeux bleus devaient ressentir la même chose. Qu'elles souhaitaient probablement être moins la-fille-d'à-côté/Barbie Baywatch et plus 'exotiques'. Je me souviens lui avoir rétorqué qu'il voulait sans doute dire 'étranger'.

18.32.. Je rassemble mes affaires, avalant à grands bruits les restes de mon latte. Laissant un pourboire pour Kym sur le comptoir, je me retourne et heurte une superbe femme aborigène. Ou plutôt Indigène, devrais-je dire. Nous bégayons toutes les deux un "désolée" embarrassé en même temps.

18.35.- Les navetteurs se rapprochent, débordant des bords du quai. Plus que cinq minutes. Si je rate celui-ci, je suis bonne pour figurer au livre Guinness des Records - le plus de trains manqués d'affilée.

“Ouille!”

Une main bronzée me pousse, me faisant presque perdre l'équilibre. Je me retourne et mon regard croise une haine inconnue.

“Qu'est ce que tu regardes, petite pute asiatique?”

“Ni hao?” lorgne son copain.

Les accords du mantra des ‘Sticks and stones’ flottent autour de moi pendant une seconde et disparaissent. On n'oublie jamais la première fois où quelqu'un vous appelle "yeux bridés".

“Tu penses que je ne parle pas anglais, l'ami?”

Le silence timide anticipé qui me fait jubiler est brisé par un cri. Je me retourne vivement et je vois un homme à la carrure imposante se pencher. Puis je la vois, et apparemment tous les autres aussi dans la cohue vers le train. L'homme a attrapé une jeune musulmane. Pourquoi tout le monde est-il si calme? Ses gémissements coupent le silence. Il tire sur son foulard, mais il reste en place. Il crie, "Allez, enlève ça ! Qu'est ce que ça a de si difficile." Je sens des larmes, quelque part, me piquer les yeux. Pourquoi y a-t-il une telle inaction? Une voix de femme l'interpelle, fatiguée, et lui dit d'arrêter. C'est la seule défense – tout le reste est stagnant. Finalement il arrête d'essayer de tirer sur le voile de la femme et part avec son compagnon, content de lui.

18.40. Les gens passent, tandis que le 6.40 entre en gare. Je ne sais pourquoi, mes pieds se dirigent dans la direction opposée. Je la cherche et elle est là, effondrée sur le sol, seule. Je me penche et je lui touche l'épaule. Elle lève son regard, les yeux humides, mais ne laissant échapper aucune larme. Ne sachant pas quoi faire, je l'étreins.

Le sifflet retentit et le train part. Je détiens un nouveau record pour le Guinness.

* * *

Tamara

Bon sang, je déteste ce cours de 17h. En général j'arrive à l'heure au travail, si j'arrive à sortir du cours. Ah si le Professeur Barbant mettait son cours sur internet.

Je regarde l'horloge de la gare. Encore environ dix minutes à attendre. Que faire, que faire? Je réfléchis. Je pense à Maman et Papa, qui me disent tout le temps de penser lentement. Rien ne presse, disent-ils.

Ils ne vivent pas dans mon monde. Je vois un petit café près de l'entrée de la gare. Il y a du monde, dirait-on. Comme je me dirige vers le café, une asiatique se lève, elle a l'air pressée. Elle ressemble à Lucy Liu. Je me demande si toutes les Chinoises s'entendent dire la même chose. Je suis à l'entrée, elle paie et se retourne, me heurtant de plein fouet.

“Désolée!” murmurons-nous en même temps. Elle me sourit un instant. Je détourne le regard, embarrassée. Je déteste quand les gens font ça. Comme s'ils avaient pitié de vous. Je me retourne et la regarde s'éloigner en courant, la tête penchée.

Je scrute le café à la recherche d'une table, mais je n'en vois pas. Puis l'évidence –celle où était assise la jeune asiatique.

“Qu'est ce que je te sers ma belle?”

Une serveuse caucasienne me sourit en me montrant la carte.

“Un espresso avec du lait merci.” Je ne regarde même pas les choix.

Elle sourit. “Ca arrive tout de suite, beauté.”

Elle s'éloigne, je me demande si elle dit ça à tous ses clients. Ou alors c'est juste pour moi? Le teint de ma peau fait que les gens se sentent obligés de compenser.

Je ne peux pas m'empêcher d'être hypersensible. J'ai dû faire face à tellement de conneries quand j'étais jeune, juste parce les autres filles utilisaient mon apparence comme arme contre moi. Ma meilleure amie, D'Arcy, me disait toujours de ne pas m'inquiéter de ça. Avec son charme facile, elle arrivait à réconforter n'importe qui. "C'est pareil pour les autres filles, Tam. Elles se moquent de la couleur de ta peau. Avec d'autres, elles se moquent de la forme de leur corps, du fait qu'elles n'ont pas de petit ami." C'était facile pour D'Arcy de dire ça, je lui répliquais, "Au moins elles peuvent changer ces choses."

Je regarde dans la pièce, les gens qui attrapent leur train. Quelle vie, prendre des trains tout le temps. Un groupe de jolies écolières passe en gloussant, perdues dans la liberté de l'adolescence. Je me demande si parmi elles, certaines grandissent en pensant qu'on ne leur a pas donné de billet. Je vois passer une jeune musulmane portant un voile. Je me rappelle que j'ai de la chance, je ne suis pas opprimée.

“Voilà.” Ce sourire effervescent à nouveau.

“Oh, vous pourriez mettre la télévision sur les nouvelles?”

Elle le fait, et je la remercie d'un sourire.

“Dans les titres, le Sénateur Garfield “Gary” Walsham a commis un impair, qui pourrait affecter fortement sa carrière. Cet après-midi, pendant une conversation en direct sur Key FM avec Jesse Balin, le Sénateur Walsham a fait référence à l'actrice indigène Shayla Messal en la qualifiant de “sale femme noire qui ne trouverait pas son chemin pour sortir d'un sac en papier ”. Le Sénateur Walsham ne savait pas que le programme était toujours diffusé en direct.”

Le jacassement du reporter se dissipe. Le silence semble m'entourer, englobé dans une balle. Une balle étiquetée "Ne pas Toucher". Ou quelque chose du genre, parce que tous les visages dans la pièce semblaient éviter mon regard.

Je déteste ce moment, je prends mon sac et je me dirige calmement vers la sortie. Je sens mon visage brûler d'embarras et d'un sentiment indescriptible.

Tout bouge sur le quai, mais pourtant quelque chose attire mon regard. La musulmane, genoux à terre, pleure. La fille qui ressemble à Lucy Liu la réconforte, en lui caressant les cheveux. Je vois que le sac de la musulmane est tombé, alors je me penche et je ramasse ses affaires. Exactement comme mon sac - le contenu de ma vie.

“C'est un beau foulard.” Lucy Liu lui parle gentiment.

La musulmane sourit à travers ses larmes. “Ca s'appelle un hijab.” Elle s'arrêt un moment. “Je le porte parce que je l'ai choisi.”

Deux autres femmes qui se sentent nues comme moi. Même en étant complètement habillées.

“Pourquoi devons-nous nous sentir si vulnérables alors que notre génération devrait profiter de ce que nos mères et nos grands-mères n'ont pas eu?” La jeune asiatique sourit tristement.

“Emily.”

Je souris. Ce n'est donc pas Lucy en fin de compte. “Tamara.”

“Maryam,” dit la musulmane, complétant notre triumvirat.

Dans la chaleur les unes des autres, nous savons que nous avons raison d'apprécier qui nous sommes.
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